J’eus la même surprise que la première fois de voir la reine enfermée dans son arbre.
« Bienvenue, je suis heureuse de vous revoir en bonne santé !
_Nous aussi, nous sommes heureux de vous voir et nous avons les amulettes.
_Je sais, je sais, je sais tout. Maintenant, tu peux me les donner.
_Comment, vous êtes enfermée dans un cristal !
_Si toi, Edwin, tu y crois fort, tu pourras passer tes mains au travers de ce cristal. »
Je fus de nouveau étonné, je me concentrai, pris les amulettes, et je m’avançai vers le cristal, tendais les mains, et les passais à travers. La reine les saisit avec douceur, ses mains étaient froides comme l’acier. Je sortis mes mains et à ce moment une lumière illumina le cristal de mille couleurs, nous fûmes éblouis. Quand la lumière s’estompa, la reine demeurait toujours debout, mais sa prison de cristal avait disparu.
« Mais pourquoi ?
Je sais que tu as plein de questions mais sois patient, tes questions trouveront des réponses quand nous serons de retour chez les autres Elfes. En attendant, je sens en toi une présence néfaste, as-tu quelque chose à me dire ?
_Oui, j’ai été touché par une flèche empoisonnée, seul ce pendentif arrête la douleur. »
Elle posa ses mains glacées sur mes hanches et en quelques instants, je ne sentis plus rien même sans le pendentif.
Mais Pélisse était toujours mal en point, il fallait également la soigner. Après l’avoir prévenue de l’état de ma chère et tendre, elle la fit amener et la guérit à son tour. Désormais, nous n’avions plus qu’à rentrer au royaume de Elfes. Une troupe de plusieurs milliers de soldats nous escortaient pour montrer la splendeur de la reine.
Dans nos petits carrosses, nous étions au calme, je pensais à ma quête qui à présent était terminée, plus de stress, plus de peur. Je fus sorti de mes pensées par une forte musique de trompettes. En regardant par la fenêtre, un grandiose spectacle se présentait, c’était une grande fête, avec des danseurs, des musiciens, de somptueux décors. Contrairement à ma première venue, où certes la ville était magnifique, elle n’était pas le moins du monde froide et peu joyeuse. Cela me surprit de la part de cette population qui était peu sentimentale et peu amicale. Mais je me demandais en l’honneur de quoi elle avait lieu, ce n’était quand même pas pour notre victoire, les gens ne pouvaient pas déjà être au courant, ce n’était pas possible. Nous arrivâmes devant l’entrée du château, où un tapis doré était étendu jusqu’à la grandiose porte de marbre. Des engins inconnus vinrent nous chercher en volant au ras du sol. Ils étaient d’une blancheur absolue, ils volaient grâce à de grandes ailes sur les côtés, deux personnes pouvaient s’y asseoir. Ils nous menèrent jusqu’au château, la porte s’ouvrit seule et sans l’aide de personne, c’était encore de la magie, ce monde vivait vraiment par la magie, elle lui était essentielle. Le roi nous accueillit avec de grandes embrassades, et nous dit d’aller nous changer pour la cérémonie sans préciser d’avantage. Nous nous changeâmes donc et rejoignîmes la salle de réception. Le roi nous convia sur le balcon, nous approchâmes et à peine nos silhouettes apparurent-elles qu’un bruit de foule en délire retentit, des millions de personnes sautaient, hurlaient, dansaient... Je ne comprenais pas une telle joie.
« Mais pourquoi sont-ils si heureux ?
_Vous avez vaincu le mal à jamais, nous sommes en paix pour toujours !
_Pour toujours ?... »
Je ne pouvais le croire, aucun monde ne peut vivre sans souffrance, sans horreur. Mais le moment était à la fête, le roi me présenta en héros à la foule, me décora et la reine du royaume de Elfes Argent signa un traité de paix avec le royaume des autre Elfes. Le roi décida d’une fête de trois jours, puis la foule se dispersa et la fête reprit son cours normalement. Les autres allèrent danser, je retrouvai mes anciens amis qui m’avaient été d’un si grand secours : Earenya et toute la troupe. Puis, après les retrouvailles et les félicitations, je restai seul avec la grande reine.
« Tu le sais, tes pouvoirs te viennent de ton statut d’Elu qui t’ai été donné par les amulettes et c’est pourquoi sans elles, tu ne sera plus. Il faut donc les protéger. Dans mon royaume, elles seront en sécurité, tu n’as rien à craindre. En revanche, je crois que des gens veulent te parler. »
Elle désigna quelque chose derrière mon dos de son doigt pâle. En me retournant, je découvris dans une joie inimaginable, mes parents. Il s’en suivit des embrassades, des pleurs, des rires, des paroles... Nous discutâmes pendant des heures jusqu’à ce que finalement Pélisse arrive.
« Puis-je vous l’emprunter quelques heures ?
_Ô mon enfant, qui est cette charmante jeune fille ?
_Je te présente mon amie Pélisse !
_Enchantée, vous êtes ravissante.
_Alors mère, je peux vous laisser ?
_Allez y ! Et amusez-vous, profitez en !
_Merci. »
Pélisse me prit par le bras et me dit qu’elle voulait me montrer le jardin. Des milliers de personnes dansaient, elle me regarda, me sourit et dans un moment de folie, elle m’embrassa en rougissant. Nous partîmes nous promener dans le bois. Pélisse avait les yeux pétillants de bonheur.
« Je t’aime. »
Je l’aimais aussi, et elle le savait. Cependant, quelque chose me préoccupait. Dans l’herbe, je remarquai un fleur, une fleur noire, une fleur qui n’existe que dans les légendes, la fleur du mal, la signification du prénom de ma tante ce qui signifiait qu’elle n’était pas morte, je n’avais pas terminé mon travail en ce monde, mais pour l’instant, l’heure était à la fête...