Je sortis du temple, tout étourdi. A présent, il fallait que je raconte tout cela à Artanis. Je ne comptais plus sur Amëraën, qui semblait distant depuis quelques temps . . .
Les premiers rayons du soleil venaient me caresser les joues, tandis que je marchais en direction de mes compagnons.
Je vis Artanis se lever brusquement de ses draps ; elle serra ses poings et accourut vers moi, marchant d’un pas maladroit.
« Mais enfin où est-ce que tu étais passé ? me hurla-t-elle au plus près des oreilles, comme si j’étais sourd. Je t’ai attendu toute la matinée ! Je pensais que tu avais été enlevé, ou bien dévoré par une de ces créatures voraces qui traînent dans le coin ! J’ai bien cru ne plus jamais te revoir, ni te parler ! J’ai cru que tout notre parcours s’arrêtait là ! Que l’Amulette ne serait jamais retrouvée, que ma vie d’aventurière serait terminée ! Je pensais que...
_Arrête Artanis, arrête ! J’étais tout à coté ! Derrière ce rocher, là ! Je n’étais pas loin, juste dans le temple que l’on cherchait . . . »
Elle me regarda de ses grands yeux verts, puis me frappa sur l’épaule en me répétant toutes les cinq secondes « abruti ! »
Une fois calmée, Artanis eut enfin la patiente de m’écouter. Je lui racontai ma folle nuit ; tout d’abord la chouette, puis le temple et enfin la pierre. Elle n’en crut pas ses oreilles. A peine eut-elle obtenu ces informations qu’elle rangea ses affaires, chargea le mulet et enfourcha son destrier.
« Edwin, je crois que tu vas enfin revoir tes parents ! Amëraën, lève toi, on y va ! affirma Artanis, prise d’une soudaine motivation. »
Amëraën qui était toujours dans la lune se leva paresseusement, s’enveloppa dans sa grosse couette de lin puis s’effondra dans la petite brouette tirée par l’âne...
Je revoyais déjà cette plaine verdoyante, là où se trouvait ma maison, avec ma petite famille que je n’avais pas revue depuis des mois. D’ailleurs, je leur avais envoyé une lettre mais aucune réponse . . . Ma chère mère devait être tellement inquiète...
Nous partîmes, tous déterminés, sauf peut être Amëraën, qui s’était de suite assoupi dans la brouette.
Trois petites silhouettes s’éloignaient, se détachant derrière la brume rose du lever de soleil . . .