« Mais pas du tout votre majesté ! J’étais simplement sorti prendre l’air pour me dégourdir les jambes.
_ Je n’en crois pas un traître mot. Alors, j’attends votre explication, pourquoi avez-vous quitté le château ?
_ Je vais tout vous expliquer, mais d’abord, promettez-moi de ne pas m’en vouloir.
_ D’accord, c’est promis.
_ Tout commença lors de la venue du messager de Frunonx. Lorsqu’il est entré dans la salle du trône, je me suis placé derrière la porte et...
_ Ah tu m’épiais, c’est cela ?
_ Vous m’aviez promis.
_ Oui, c’est bon, continuez.
_ Comme je le disais, je me suis mis derrière la porte et j’ai essayé de comprendre ce qu’il vous disait en vain. Alors, j’ai vu le messager sortir et je vous ai vu effondrée sur votre trône. J’ai alors pensé que vous nous aviez trahis. Je suis alors sorti du château et j’ai couru jusqu’a épuisement. C’est alors qu’un sanglier de trois mètres de haut a surgi des buissons et a couru vers moi. C’est alors que je vis un trou ! Sans hésiter, je me suis laissé tomber dedans et j’ai atterri dans le repaire de Mme la Naine ici présente qui m’a appris énormément de choses. Sur ses conseils, je suis rentré. »
Le visage de Saphira avait peu à peu changé d’aspect. Elle n’était plus le monarque chaleureux et accueillant qu’Eiwel avait brièvement connu. Elle était devenue froide et distante. Ses yeux bleus myosotis étaient devenus rouge sang.
« Je prends ta fuite pour une trahison ! reprit la reine avec un abominable rictus qui n’était pas le sien. Gardes ! »
Surgissant dans le dos d’Eiwel, deux gardes à la carrure imposante le saisirent, lui et la naine d’une main ferme et les emmenèrent dans la cellule la plus angoissante du donjon.
« Sa majesté Saphira t’exécutera dans les plus grandes souffrances au lever du soleil. murmura un des deux geôliers.
_ Qu’est-ce que vous en savez ? rétorqua Félicia. Elle ne vous a rien dit !
_ Tu oublies les pouvoirs télépathiques de la reine des dragons. répondit le deuxième garde d’une voix doucereuse en fermant la grille. »
Félicia proféra un juron très grossier en langage nain. Eiwel n’avait aucune idée de ce qu’avait voulu dire la reine, mais le geôlier grogna d’un air mauvais :
« Toi, le nain, tu ferais mieux de te taire, ou tu tâteras de ma dague ! »
Et il s’en alla avec son compagnon.
« Je ne comprends pas ! s’exclama la naine, furieuse. Saphira a d’habitude le plus grand respect pour les nains, elle nous aide à payer les impôts imposés par l’affreux Frunonx ainsi que pour la récolte de nos champs ! Et là, elle ne m’a même pas accordé un regard, et elle nous envoie tous les deux croupir en prison, au pain sec et à l’eau ! Et au fait, qui était l’homme au capuchon qui était à ses côtés ?
_ Le messager de Frunonx. Je n’ai aucune idée de qui il peut être. répondit Eiwel. Il l’a sans doute persuadé de donner le Grand Livre de Mythologia par je ne sais quel moyen. Mais ce livre est à des milliers de kilomètres d’ici, chez les elfes de.....Ravengar, je crois... enfin, c’est ce qu’a dit Pélénia. »
Soudain, un croassement rauque parvint à leurs oreilles. Un corbeau noir et maigrelet passa à travers les barreaux de la cellule et virevolta au-dessus de leur tête.
« Oh ! Le pauvre ! s’attendrit Félicia. Il est déshydraté ! »
Sans hésiter, elle amena la cruche vers l’oiseau et le fit boire de petites gorgées. Le corbeau se changea aussitôt en un jeune homme couvert de cicatrices, blond et barbu.
Un peu méfiant, Eiwel demanda : » Qui êtes-vous ?
_ Je suis Doigt de Poussière, l’Esprit des Dragons et des Airs.
Félicia sauta de joie :
_ Nos vous serions éternellement reconnaissants si vous nous aidiez à sortir d’ici ! »
Puis elle se tourna vers Eiwel et expliqua :
« C’est un Esprit reconnu partout pour sa bonté ! Surtout chez les nains !
_ Prenez garde ! avertit l’intéressé, visiblement flatté. Le messager de Frunonx n’est autre que Basta, le tireur de couteaux émérite de Frunonx. Il a jeté un sortilège très puissant à la reine. Envoyez un appel télépathique à Trystan, seul lui pourra rompre l’enchantement si je suis à ses côtés. »
A cet instant, le geôlier vint les délivrer. Doigt de Poussière, devenu un moineau minuscule, n’avait pas été reconnu. Dans la salle du trône, Saphira et Basta étaient toujours là.
« Dis-moi où est le grand livre de Mythologia, traître ! ordonna la reine.
Eiwel pensa aussitôt avec toute la force dont il était capable.
_ Venez vite, Trystan ! Saphira est ensorcelée !"
Comme un signal, Doigt de Poussière reprit son apparence.
« Tu sers une noble cause, Saphira ! Tu es aveuglée par Basta ! »
Saphir chancela, désarçonnée, mais elle reprit vite contenance. Trystan apparut à son tour, et voyant la situation, étendit son bâton magique et cria à son tour
« Réveillez-vous, majesté ! »
Saphira fut enveloppée d’un rayon vert et blanc, et cligna des yeux. Ils avaient retrouvé leur couleur d’antan, d’un bleu pur.
« Que s’est-il passé ? demanda-t-elle. »
A cet instant, Basta s’enfuit, mais Trystan fit un geste et il explosa dans un brasier infernal. Pélénia et Glaedr accoururent, et demandèrent ce qui s’était passé. Après de rapides explications, Glaedr annonça :
« Récupérons ce maudit livre chez les Elfes. Avec un peu de chance, nous les persuaderons qu’un de leurs compagnons a été capturé. »