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Publié : 21 avril 2006
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Chapitre 33 : Révèlations sur fond de vert.

Voyager ainsi trois jours durant lorsque l’on est à la merci d’un si grand danger n’était pas sans risque mais nous avions décidé de le prendre. Empruntant deux chevaux et une mule famélique, nous prîmes la route aux aurores, à l’heure où la rosée perle encore sur l’herbe.
Amënraën allait devant et je chevauchais derrière Artanis. La mule portait les vivres indispensables à un tel voyage.

Mais pour une fois la chance tourna en notre faveur et nous voyageâmes sans difficulté aucune. Enfin, le troisième jour, alors qu’il devait être aux alentours de midi à en juger par la position du soleil dans le ciel, nous vîmes l’orée de la vallée. Passés deux grands chênes je basculai dans un autre monde.
La vallée était entourée d’immenses montagnes et pourtant on n’en distinguait pas le bout. Partout il y avait des plantes de toutes sortes, toutes d’un vert éclatant. Des falaises escarpées, aux sommets déchiquetés, étaient parcourues de chutes d’eau vertigineuses, qui plongeaient en chute libre de hauteurs délirantes dans des lacs grandioses. De grands arbres aux troncs verts et fins semblaient sortir littéralement du sol, par bosquets ou formant là une forêt, ici un petit bois. Des taches de couleurs à dominante rose, rouge et safran égayaient de ci, de là, le long tapis uniformément vert de la vallée. Partout foisonnait une multitude de petits animaux et des oiseaux au plumage haut en couleur saluaient l’apogée de la course du soleil de leurs chants mélodieux. L’immensité et la beauté sauvage de l’endroit m’éblouirent. Ici, la nature avait repris ses droits.

« Je me demande depuis combien de temps personne n’est venu ici, murmura Artanis.

_Pourquoi dit-tu cela ?demandai-je.

_C’est bien simple : cet endroit ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui si des hommes l’avaient habité. »

Je dus reconnaître qu’elle avait raison. Nous décidâmes unanimement de nous restaurer. Pourtant, tout en mangeant, je me tournais vers Artanis :

« J’ai de nombreuses questions.

_Et j’espère que j’ai de nombreuses réponses, rétorqua Artanis. »

Sourd à l’ironie, j’insistai :

« Elles concernent les Elfes argents. Qui sont-ils ? Où vivent-ils ? Comment l’une d’elles pourrait-elle être ma sœur ? »

Il fallut d’abord mettre Amënraën au courant de l’incident dans la tour, sans rien omettre. Puis Artanis me répondit :

« Les Elfes argents sont les plus vieux êtres qui peuplent cette terre. Certains ont plus de 5000 ans. Ils ont gardé leur culture intacte et sont admirés pour cela. Ils vivent en communion avec la Terre, l’Eau, le Ciel, et ils les écoutent, car ils leurs portent conseil...

_Je ne comprends pas...

_Moi non plus, car bien des choses dans ce monde dépassent notre capacité de compréhension, mais il en est ainsi et jamais je ne pensais de ma vie, si longue soit-elle, pouvoir encore rencontrer ces Elfes. Ils ont leurs propres rites, cérémonies et coutumes ; et nul ne peut les connaître car ils les gardent secrets. Nous savons peu de choses à leur sujet si ce n’est qu’ils sont les gardiens d’une magie millénaire et très puissante. Trois grandes prêtresses en sont les gardiennes, et elles sont les seules avec la reine à la connaître. Si l’une meure, ce qui n’arrive plus beaucoup mais était fréquent lors des grandes guerres, une autre est élue qui est instruite de cette magie. Je ne peux t’en dire plus, car mes connaissances sur eux s’arrêtent ici.

_Tu as dit la reine. N’ont t-ils pas de roi ?

_La femme est sacrée pour les Elfes argents et seule l’une d’entre elles, la plus sage, est apte à gouverner, fit Artanis avec un léger sourire.

_Bien. Ma seconde question était la suivante : où habitent-ils ?

_Le mystère est entier. Nous sommes seulement sûrs que c’est un endroit à l’écart des autres civilisations et le plus proche possible de la nature.

_Alors cette vallée pourrait convenir..., murmurai-je. »

Artanis me dévisagea.

« C’est une hypothèse tout à fait vraisemblable. Il se peut même que tu aies raison !

_Et revenons à ma dernière question : comment pourrai-je avoir une sœur qui soit une Elfe argente ? Aucun membre de ma famille n’en est un.

_Eh bien...on m’a dit une fois...mais serai-ce possible ?...

_Artanis réponds !

_Mon ancien maître au royaume m’avait expliqué que certaines personnes pouvaient devenir des Elfes argent. Un don rare et très précieux. Ce sont des élus. Mais qui sont-ils, pourquoi sont-ils élus ?...je n’en ai aucune idée. Peut-être es-tu de ceux-là. Lorsqu’elle t’a parlé, l’Elfe a peut-être dit qu’elle était ta sœur au sens où vous seriez du même peuple...

_Peut-être...Et bien ce mystère attendra un autre jour. Nous allons monter le camp cet après-midi et nous verrons cela demain à tête reposée. »

Sur ce, je finis mon repas et me levai d’un pas décidé.