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Publié : 10 avril 2006
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Chapitre 31 : L’échelle d’argent

Le réveil au matin fut difficile. Je me sentais fatigué,l’esprit engourdi, et l’idée de me rendormir me frôla un court instant. Ce furent les souvenirs de la nuit passée qui me poussèrent hors de mon lit. Je m’habillai, « fis mon lit et descendis l’escalier menant à la salle principale mécaniquement. Lorsque je pénétrai dans la pièce où quelques clients matinaux déjeunaient en silence Artanis leva vers moi des yeux hésitants. En veillant à ne pas croiser son regard je pris une chaise à la table en face d’elle.

« Je t’écoute.

_Pardon ?

_Dis ce que tu sais. Que m’a-t-on encore caché ?

_Tu es sûr que tu n’a pas faim ?

_Non. Mais j’ai soif de réponses,Artanis. Je me penchais sur la table en la fixant dans les yeux, je dois savoir. »

Elle soupira. Le valet du propriétaire de l’auberge nous appelait discrètement à lui.

« Nous reprendrons cette conversation plus tard. »

Je serrais les dents. Le valet dès que nous l’eûmes rejoint nous expliqua que son maître nous mènerait juqu’à la salle des manuscrits et nous priait de rester discrets.
Après avoir traversé un long corridor , éclairé seulement de quelques torches brûlant aux murs et parcouru d’une odeur d’humidité omniprésente,nous débouchâmes sur une porte de bois, moisie, aux gonds rouillés et ornée d’inscriptions sur sa poignée de cuivre. Je pénétrai dans la salle, pressé d’en finir avec cette histoire. Curieusement, la pièce circulaire n’offrait en rien l’apparence d’une vieille bibliothèque à laquelle je m’étais attendu. Il s’agissait d’un pièce vaste et ronde aux murs de petites briques de couleur grise. Et surtout d’une pièce vide.
Voilà !, nous indiqua le propriétaire de l’auberge en s’empressant de rebrousser chemin en tirant sur nous le panneau de bois.

« Même si les livres s’étaient désintégrés avec le temps la pièce serait au moins pleine de poussière. Pourtant il n’y a rien ici.Rien ! »

Artanis ne daigna même pas sourire à ma réplique et commença à inspecter la surface rugueuse des murs. Les minutes passaient et je regrettais de plus en plus de n’avoir pas déjeuné. En promenant mes yeux au plafond, je pris soudain conscience d’une réalité qui m’avait échappé la nuit passée. En cultivant mon don pour les visions, je pouvais obtenir des renseignements plus qu’utiles pour notre quête. Par exemple, je pouvais visionner l’amulette et connaître sa position exacte !

« Edwin regarde ! »

L’exclamation d’Artanis me ramena brusquement à la réalité et je bondis. Une échelle d’argent venait de se matérialiser tandis que des striures lumineuses et courbes apparaissaient sur le plafond, dessinant les contours d’une trappe.

Eh bien, voici la réponse à notre problème. Il faut monter.

_Sans s’assurer que l’on pourra redescendre ?

Hum, oui, tu n’as pas tout à fait tort Artanis. Dans ce cas j’irai seul et tu resteras à terre afin de me porter assistance s’il m’arrive un quelconque malheur...
 »
Et sans plus attendre, je me lançai dans l’ascension de la grande échelle. Arrivé à son sommet, je poussai la trappe et me hissai à l’intérieur de la pièce. De belles dimensions, elle n’était pas recouverte de rayonnages comme je m’y attendais, mais en son centre se dressait une petite table sur laquelle reposait divers objets. Puis, soudain, une stupéfiante apparition me cloua sur place. Devant moi se tenait une femme. Ou du moins elle ressemblait à une femme. Grande, svelte, noble. Elle avait de longs cheveux noirs lisses et brillants et des yeux d’un gris d’argent profond. Elle leva la main dans un geste d’apaisement.
Sa voix douce résonna à mes oreilles.

T« u ne dois pas prendre peur. Contrairement à ce que je vois dans tes pensées, je ne suis pas une Elfe noire comme tu le crains, mais bien une elfe argente. Je suis ta sœur et ton alliée. Cette nuit, tu as vu le danger que mes frères font planer sur la terre, telle une ombre maléfique. Ils ne sont pas comme vous et vous devez les craindre. Leurs armes sont le feu et le tonnerre, et s’ils ne tuent que lorsque cela s’avère nécessaire, ils n’en sont pas moins dangereux. Prends sur cette table l’objet que tu préfèreras et fais le bon choix car tu ne peux en prendre qu’un. Reçois ma bénédiction et vas-en paix. N’oublie pas que les esprits qui t’entourent t’aideront et que tu dois avoir foi en leur jugement. Un jour viendra où le soleil se lèvera sur une aube rouge... »

L’illusion se dissipa doucement et disparut en une fine brume. Ébahi, je contemplai le soleil qui passait par la fenêtre et illuminait la pièce.
Puis, observant la table, je vis un parchemin vierge et abîmé, une potion noire dans un flacon de cristal et une épée digne des meilleurs bretteurs. Mû par une soudaine inspiration, j’attrapai le parchemin et après un dernier regard sur la pièce je me dirigeais vers l’échelle en souriant, sans trop bien savoir pourquoi.
Mais Artanis était montée et m’observait à présent, stupéfaite.

« Tu aurais pu me dire que ta sœur était une elfe argente !

_C’est que je n’en savais rien...

Artanis me dévisagea.

Nous verrons tout cela une autre fois, et je te l’expliquerai en détail. Mais sache simplement qu’ils s’agit là des plus anciens et des plus nobles des Elfes qui soient au monde. »