"Il n’y a pas de haine plus féroce que la haine non fondée car aucun argument ne peux la contrer..."
Peu de temps après, je me retrouvai dans ma chambre , dormant à poings fermés.Les sirènes avaient obtenu que l’on nous ouvrit la salle des manuscrits le lendemain, dès l’aube.
Mais ce soir-là, mes rêves m’avaient emmené loin, très loin. Ce n’était pas ceux que l’ont faits toutes les nuits, vite oubliés, mais d’une telle précision, d’une telle netteté qu’il était impossible qu’il ne fussent pas réels.
Je me trouvais au pied d’une grandiose cité,située en plein centre d’une immense vallée. Si loin que portait la vue , de l’extrémité nord-ouest d’où je me trouvais, la plaine n’était que tapis de mousse vert pomme, auquel se mêlaient des tâches de couleurs, fleurs ou végétaux égarés. Un fort vent soufflait me gifflant violemment et couchant l’herbe sur son passage.
La Cité se trouvait adossée à un massif montagneux d’où tombait une cascade alimentant un torrent qui traversait l’étendue herbeuse de part et d’aute en formant de sinueux méandres.
Trois immenses escaliers menaient à une grande porte de fer ornée de motifs alambiqués. Après les avoir gravis péniblement , d’autant que le sol en pente raide menant à la ville accentuait la difficulté, je pénétrai dans l’immobile construction de pierres d’une blancheur de craie. La cité, divisée en 5 cercles concentriques projetait l’ombre de sa masse énorme sur la prairie en contre-bas. La température intérieur était glaçiale,les rues bondées.
Une myriade de bruits retentissaient autour de moi et je percevais même les plus infimes, du forgeron qui frappe le fer de son marteau à l’enfant qui pleure dans son berceau en passant par le marchand qui vante ses produits en hurlant à la ronde et aux commérages des femmes du coin.Une foule de sentiment m’assaillit, désordonnés, sans aucun sens ; mais passée cette vague, ils se firent discrets , sourds. Je remarquais avec inquiétude l’air sombre des gens qui semblaient, ce qui me confortait dans mon inquiétude , plus déterminés et haineux qu’apeurés.
Puis la vision s’élargit brusquement, comme lors d’un voyage astral, il me semblat que je quittais mon corps et la ville défila brusquement sous mes yeux juqu’à une salle d’importance apparente, bâtie selon le modèle d’une salle de trône. Des dirigeants de l’armée, commandants de haute fonction d’après leur uniforme venaient de poser un genou au sol et se relevaient suite à leur révérence avant de se répartir méthodiquement sur vingt-quatre sièges, douze alignés sur deux rangées disposéés le long de la salle , tournés vers le trône.La personne qui siégeait était une femme grande, de faible corpulence, aux oreilles étirées en pointes et aux traits magnifiques. Elle portait une longue robe de velours noir retenue par une bretelle nouée sur l’épaule gauche.Un large collier d’or vieilli et d’argent brillant était accroché autour de son cou et ses bras nus laissaient apparent le tatouage de forme courbe et complexe de son avant-bras droit. Un diadème d’or ornait son front, ses longs cheveux de nuit étaient lâchés.
Sur le siège à la droite du sien , un jeune homme aux mêmes traits parfaits et à la même chevelure ébène avait pris place. Ses habits étaient de couleur noire également,mais sa cape et sa chemise se trouvaient brodés de fil d’or , d’inscripitions runiques pour le pourtour de la cape attachée par une grosse fibule d’argent ornée d’un rubis.
Les commandants se levèrent d’un même mouvement et tirant leur lame du fourreau, en renversère le tranchant sur leur main gauche.
L’officiante de la cérémonie, sans doute la reine, se leva à son tour de même que son fils et interprêta le même geste que ses vassaux avec une superbe dague au pommeau d’or décoré d’un rubis et de runes. Son fils,lui ,leva son épée éfilée vers l’assistance et proclama : « Je déclare la séance ouverte. »
Il s’apprêtait à continuer lorsque la reine l’interrompit d’un geste de la main : « Attends mon fils ! »
Je me sentis soudain attiré par ses yeux et sentit mes forces me quitter devant la puissance d’attraction de ce regard. Puis je fus rejeté au loin et je me révéillai en sursaut dans mon lit,haletant et couvert de sueur.
Je marchai rapidement jusqu’à la porte de la chambre d’Artanis, en jettant des regards de bête pourchassée autour de moi.
« Entrez ! »
Sa voix me rassura tandis que je poussai la porte après y avoir frappé un certain temps.
« Encore toi décidemment, tu cherches les ennuis !
_Je ne les cherche pas, ils sont tout à fait capables de me trouver seuls , fis-je sarcastique. J’ai quelque chose d’important à te dire. »
Je lui racontai ma vision en détails , sans rien omettre, y compris la désagréable impression que je connaissais déjà celle qui semblait être la reine...
« Eh bien , j’ai des réponses à beaucoup de ces questions : d’après ta description, il ne peut s’agir que de Drangaförkull,la cité des Elfes noirs. Son apparence est trompeuse, derrière son air de placidité exterieure, comme tu t’en es rendu compte toi-même , il y règne une intense
activité.
Les Elfes noirs sont semblables aux autres à la particuliarité qu’ils ont tous les cheveux bruns ou noirs.Ce sont des rebelles qui refusent l’autorité de notre roi actuel. Ils sont indépendants et ont leur propre gouvernement.Je ne peux te le cacher plus longtemps : ta tante en est reine. »
J’étais abasourdi.
« Mais alors le garçon...
_Oui c’est ton cousin.Il est dangereux Edwin : c’est le fils de deux des plus grands magiciens de notre âge, Elenwë , ta tante et Elfric.
_Non !
_Je suis désolée , je n’avais pas le droit de te le révéler, mais tu l’as appris toi-même. Sache que ton rêve n’en était pas un, c’était une vision de l’instant présent.Comment y as-tu accéder, je l’ignore mais Elenwë a détecté ta présence et te l’a coupée.C’est une situation préoccupante d’autant que tenir une telle réunion avec des chefs militaires et souvent un présage de guerre.
Ecoute, va dormir Edwin, je vais prévenir mon père grâce à mon don télépsychique.
Nous reparlerons de celà demain d’accord ?
_Qu’est-ce que tu me caches encore ? Et une vision de l’instant présent ? Il fait nuit et il faisait jour !
_Tu oublies que nous ne sommes plus dans le royaume des Elfes et il existe un important décalAge entre ces deux plans. Pour le reste...Demain. »
Le ton était catégorique. Je partis en claquant la porte. Puis seul dans ma chambre ? je m’effondrai sur mon lit.
Elenwë , son fils, les Elfes noirs...« Comment a-t-on pu en arriver là ? »
Ce fut ma dernière pensée avant que la fatigue ait raison de moi et me plonge dans un sommeil profond, sans rêve celui-là...