Collège Jean Moulin

Les deux chevaliers se tournèrent le dos. Guillaume songeait avec colère : "Sylvère est têtu comme une mule ! Si je ne l’avais pas écouté comme un imbécile, nous serions déjà sortis de ce pétrin monumental ! Ces scorpions sont capables de tout. Sylvère sait que je suis plus fort qu’eux !"

Mais il chassa vite ces pensées orgueilleuses. Lui-même savait que Sylvère n’avais pas mauvais fond, et qu’il était bien meilleur que lui au combat. Il décida de s’adresser à son compagnon :

« Pourquoi ne devais-je pas me changer en dragon ? demanda-t-il d’un ton radouci. Nous nous serions enfuis depuis longtemps !

_ Je ne pense pas que la fuite soit la meilleure chose à faire pour remporter l’épreuve. Et les scorpions auraient tôt fait de te pincer avec leurs dards. »

Guillaume comprit aussitôt. Mais comment faire pour sortir ? Il n’eut pas le temps de questionner Sylvère, car une voix spectrale résonna à cet instant :

"Guillaume, tu m’entends ?

_ Quoi ? sursauta ce dernier. »

Sylvère se tourna vers lui :

« Bien sûr. Même s’ils ne volent pas, ils piquent secs.

_ Non, non, je ne parle pas des scorpions, mais de cette voix !

_ Quelle voix ?

_ Tu ne l’entends pas ?

_ Guillaume, écoute-moi."

Cette fois, Guillaume en était sûr : c’était une voix télépathique qui parlait dans sa tête. Il se concentra et pensa avec force :

"Oui. Qui es-tu ?"

_ Le moment n’est pas encore venu pour se présenter. Je ne suis qu’un ami qui veut t’aider.

_ Dois-je prévenir Sylvère ?

_ Bien sûr.

_ Sylvère ! chuchota Guillaume. J’ai une voix télépathique dans ma tête !

_ Tu entends des voix, maintenant ? ironisa le chevalier. Oh ! Je l’entends !

_ J’ai un plan pour vous sortir de là ! poursuivit cette dernière. Il faut absolument que je vienne à vous ! Dans peu de temps, vous serez dans la salle du trône du roi Bordred.  Voici ce que vous devez faire.

Les deux amis écoutaient attentivement.

_ Débrouillez-vous pour l’occuper ! C’est aussi ça, le but de l’épreuve !"

En effet, un petit scorpion vint les faire sortir de leur cellule. Ils le suivirent avec appréhension, et arrivés à destination, ils furent écœurés. La salle du trône empestait. Partout, des scorpions faisant cliqueter leur dard et dévisageaient les visiteurs. Autour du trône, des corbeilles d’or. Mais il fallait voir que c’était de l’or, car elles étaient remplies de sang que Bordred dégustait avec appétit. Il leur dit :

« Étrangers, que faites-vous dans notre royaume ?

_ Royaume ? se dit Guillaume. Porcherie conviendrait mieux ! Demandez aux troupes qui nous ont arrêtés ! s’exclama t-il. »

A peine eut-il le temps de finir sa phrase que des pinces s’emparèrent de sa nuque pour l’étouffer.

« Quelle insolence ! susurra Bordred. Cela va te coûter la vie, chevalier. Tu ferais mieux de te taire si tu ne veux pas la perdre. »

Sylvère improvisa une phrase :

« Votre majesté, mon compagnon s’excuse de tout son cœur et vous dit mille et une flatteries.

_ Tais-toi, grand faiseur de discours avant que je ne te rentre mes pinces dans la gorge ! s’écria un des insectes.

_ Non, Sarzac.,  ordonna Bordred. Chevalier, si tu m’impressionnes, je te rends ta liberté et celle de ton ami.

_ Très bien. Dans ce cas, je vais appeler quelqu’un avec une formule magique ! »

Un murmure de surprise parcourut l’assistance. D’un geste théâtral, il mit ses mains en porte-voix et cria :

« O grand ami de notre quête,

Rejoins-nous à la fête ! »

Intérieurement, il pensait de toutes ses forces :

"MAINTENANT !"

Soudain, un cri de faucon retentit dans la salle. Puis de puissants battements d’ailes. Un gigantesque aigle surgit dans la pièce, entouré de nuages zébrés d’éclairs. Bordred sourit et dit :

« Je suis très impressionné. Vous pouvez partir. Comment se nomme ce volatile ? »

Sylvère demanda télépathiquement à l’oiseau.

« Akka, l’Aigle du Tonnerre. »