Collège Jean Moulin

Nous entrâmes dans la fameuse taverne qu’Artanis avait remarquée depuis un bout de temps :

« Enfin un bâtiment accueillant, dans ce monde terrifiant ! s’exclama-t-elle. »

En effet, l’extérieur de la taverne était charmant, cela donnait envie d’entrer. Nous ne nous attardâmes pas dans l’obscurité froide de la nuit, nous entrâmes illico. L’intérieur n’enlevait rien au charme de l’extérieur, l’entrée, qui était en fait la pièce principale, était magnifique : une grande cheminée illuminait la pièce et ses fabuleux décors, assiettes en porcelaine, meubles précieux, ornements... Ici et là, des lutins, des Elfes, des grouwns, des nains et même des cristalines dînaient paisiblement ou écoutaient des musiciens jouer, tout cela dans une ambiance chaleureuse...
Une naine avec des oreilles de lutin vint nous accueillir. Elle avait une voix très douce et était très souriante :

« Bonjour et bienvenue à La taverne des pensées refoulées, nous lança-t-elle chaleureusement, que puis-je pour vous ?

Nous souhaiterions dîner et surtout...dormir, s’il vous plaît !

Mais bien sûr, euh ...il ne me reste qu’une chambre à trois lits, dit-elle embarrassée.

C’est parfait !

On la prend. »

Elle nous conduisit jusqu’à une petite porte au fond d’un couloir lumineux. Elle nous ouvrit la porte en lui tirant la langue (elle nous expliqua que tirer la langue à cette porte était la clé pour l’ouvrir). Elle nous laissa en s’excusant, prétextant qu’elle devait s’occuper d’autres clients, et nous dit qu’elle reviendrait nous apporter le dîner plus tard.

« Ah ! Enfin un bon matelas douillet ! m’exclamai-je, en me laissant tomber sur mon lit comme une masse.

Oui, on va pouvoir reprendre des forces et on repartira après demain. »

Je partis dans la salle d’eau, pour prendre un bain aux huiles, j’en avais bien besoin, après une semaine sans me laver. Quant à Artanis et à Amëraën, ils se penchèrent sur l’étude de la carte pour organiser notre voyage à la recherche de l’Amulette...

Ça faisait bien une demi-heure que j’étais dans le bain, si relaxé, à moitié endormi. Je pensais à mon anniversaire qui approchait, de plus en plus angoissant, et je pensais également à mes parents et mes frères et sœurs qui devaient se faire du souci, se sentir perdus sans moi, comme j’étais perdu sans eux. A mon départ du royaume des Elfes, j’avais demandé à Earenya si elle pouvait leur donner de mes nouvelles pour les rassurer, mais moi je n’en recevrais pas d’eux. C’était décidé, j’allais demander à Artanis si je pouvais leur écrire :

« Artanis !!!

Oui ?!

Est-ce que je peux...

Parle plus fort, si tu ne veux pas que j’entre dans la salle d’eau ! Je n’entends rien !

JE DISAIS QUE JE VOULAIS ECRIRE À MES PARENTS !!! »

Elle ouvrit la porte brusquement, d’un air surpris. Je me cachai sous la mousse pour qu’elle ne me voie pas, également surpris de son irruption dans la pièce et honteux :

« Tu veux écrire à tes parents ?!

Euh...ouiii, c’est...est pos.si..sible ?

Attends voir, c’est risqué mais je comprends qu’ils te manquent, c’est d’accord. Madame Lutignole, la maîtresse de maison, m’a dit qu’il y avait un petit bureau de poste au fond du couloir. Tu n’auras qu’à y aller tout à l’heure. Quant à Amëraën et moi, nous allons visiter la taverne, tu veux qu’on t’attende ?

Non merci, ça ira. »

Elle me fit un clin d’œil en souriant et sortit. J’entendis le bruit de la porte qui claqua et je sautai brusquement hors de l’eau, me séchai et m’habillai à vitesse grand V. J’étais pressé d’écrire à mes parents. Je sortis de la chambre et courus au bureau de poste, bourse en main. Soudain, j’arrivai au fond du couloir et ne vis qu’un miroir lumineux aux reflets bleutés. J’en conclus que dans la précipitation, j’avais tourné dans un mauvais couloir. J’allais repartir dans l’autre sens, quand soudain, une voix mystérieuse retentit, semblant m’appeler :
« 
Viens...Approche... »