Nous remontâmes rapidement sur le dos de Norfin. Le temps pressait.
« Tu es sûr qu’une personne sait comment soigner ça au Cercle Infernal ? Et puis d’où vient ce nom ? Excuse-moi mais dans l’immédiat, si on me laissait le choix entre un lieu appelé “Le Jardin d’Eden” et celui-ci, je prendrais la première option !
Les meilleurs mages blancs sont réunis là-bas, s’ils ne peuvent la soigner personne ne le pourra. Et le nom a été donné à ce lieu par nos ennemis, c’est une place forte que nous leur avons reprise, répondit Amëarën.
Des mages blancs ?
Vole plus haut !
Quel rapport ?
»
Je n’eus pas besoin d’en demander plus. Une flèche enflammée venait de passer si près de moi que le bout de ma manche fumait légèrement.
C’est elle, elle nous tire dessus depuis le sol.
« Ca a le mérite d’être clair comme attaque, on annonce la couleur tout de suite : Je veux votre peau !
Et nous, on ne peut pas riposter ? Réponds à ma question s’il te plaît ! m’énervai-je.
Les mages blancs sont ceux qui pratiquent la magie de l’Ordre. A l’inverse, les mages noirs utilisent celle du Chaos. Si, on peut riposter, et je vais le faire tout de suite. Et arrête de parler. »
C’était la plus longue phrase que je l’avais entendu prononcer. Pourtant sa demande de silence m’inquiétait.
« Tu as repéré quelque chose ? Un bruit ? demandai-je.
Non, je voulais simplement que tu te taises. »
Je m’apprêtais à répondre en bonne et due forme lorsque les nuages s’écartèrent et me laissèrent voir le Cercle Infernal dans toute sa splendeur. Une gigantesque construction toute de marbre blanc étincelait et s’étendait à perte de vue. Je remarquai au sommet d’une tour une aire circulaire vide. Je la choisis aussitôt pour nous poser. Je jetai un regard à Artanis qui semblait aller de plus en plus mal.
« Je l’ai touchée, cria Amëarën.
Alors prépare-toi à atterrir, répliquai-je.
Soudain, j’eus l’étrange sensation d’une présence intérieure, puis d’une violente douleur.
Edwin ? »
La voix d’Amëarën me semblait lointaine...
« Tiens bon, je vais atterrir ! »
Ce furent les derniers mots que j’entendis avant de m’évanouir.
Au sol, Navka relâcha lentement sa prise sur la conscience d’Edwin. Elle était furieuse qu’ils aient réussi à atteindre le Cercle. D’autant plus que la flèche qui lui avait transpercé l’épaule lui infligeait une douleur cuisante. Le sang coulait à flots de la blessure. Dans un dernier effort, elle avait au moins réussi à mettre momentanément Edwin hors de capacité de se concentrer sur sa quête. Elle arracha violemment la flèche encore fichée dans son épaule et, de son bras valide, fit faire demi-tour à sa monture. Rester dans les environs était trop dangereux.
« Je n’en ai pas fini avec toi Edwin, nous venons à peine de commencer ! lui dit-elle mentalement bien qu’elle ne soit pas sûre qu’il soit encore suffisamment conscient pour l’entendre. » Puis elle disparut dans la brume...