J’en étais encore à me demander comment faire pour rompre le sortilège, tout en sachant que cela avait un rapport avec la larme d’ondine. En passant à coté de l’une d’entre elles quand nous étions arrivés à la fameuse clairière, Artanis m’avait informé qu’elles étaient inoffensives et m’avait indiqué que leurs larmes étaient très précieuses. Je me souviens que mon maître d’école nous avait fait un cours sur la défense contre les monstres maléfiques et nous avait parlé de bêtes horribles dont l’Ahnëmar...
« Mais oui ! m’écriai-je, je m’en souviens maintenant. Il faut que l’on enfonce la larme de son côté pointu dans l’Ahnëmar et elle sera vaincue ! As-tu assez de force pour te battre contre ta cousine, le temps que je terrasse la bête ?
Non ! Mais si c’est pour le bien d’Artanis, toujours et jusqu’à la mort !
J’espère que l’on n’aura pas besoin d’aller jusque-là.
Bon ! Tu es prêt ?
Prêt ! »
Amëraën détourna le dragon de sa trajectoire par je ne sais quel moyen, ce qui prouva qu’il avait plus de pouvoir qu’il ne le prétendait. Le dragon fit volte face. Nous étions confrontés à celui d’Artanis. Nous n’eûmes même pas le temps d’attaquer qu’Artanis était déjà sur nous. Amëraën se jeta sur elle, c’était à mon tour d’agir. Je pris mon courage à deux mains et me lançai à mon tour, la larme tenue à poing fermé. Je pris de l’élan et d’un coup sec j’enfonçai la larme piquante en plein dans le cœur (si je peux appeler ça un cœur !) et dans un hurlement abominable la bête mourut. Son sang d’une blancheur immaculée se répandit sur notre dragon, puis des milliers de gouttes tombèrent dans le vide, une flaque se forma sur le sol et elle se transforma soudainement en une feuille d’or, mais si blanc qu’il en était transparent ! Je n’avais jamais vu une chose aussi magnifique, à part... Oui, elle me rappelait le visage de...de Pélisse et le collier qu’elle portait qui m’avait tant troublé et qui d’un autre côté m’avait paru si familier. Un instant, je crus voir son visage me parler dans la feuille, mais un cri me ramena bientôt à la réalité. C’était Amëraën qui implorait mon aide :
« Edwin ! Elle ne bouge plus, elle est toute pâle et glacée !
»
En effet, Artanis était toute blanche de la même couleur que la feuille, mais les ressemblances ne s’arrêtaient pas à ce détail, Artanis semblait également s’être changée en la même pierre qui constituait la feuille. Malgré cela, elle rayonnait et semblait en pleine forme, mais je ne le sentais pas bien et me doutais que ça n’allait pas comme si elle me suppliait de l’aider ! Il fallait l’emmener au Cercle Infernal ! Je ramassai la feuille blanche et nous partîmes...