Nous galopâmes pendant toute la fin de journée et la journée suivante, ne nous accordant que de courtes pauses pour laisser le temps à notre monture de se reposer et de reprendre des forces. J’avais des courbatures et des crampes dans les bras et les jambes à force de les laisser inactifs. Je pensais que nous n’atteindrions jamais la cité des Elfes.
Enfin, un soir, alors que nous avions chevauché pendant toute la journée, Earenya se tourna vers moi et me dit : « Je viens enfin de me souvenir du fameux passage. Nous y serons bientôt. Nous devrions être à Alfhädel, mon royaume ce soir. »
Je la crus sur parole, j’étais trop fatigué pour poser des questions.
En effet, le soir, nous arrivâmes en vue d’une clairière : « Alfhädel se trouve au coeur de cette clairière, encore qu’il faille connaître les bons mots, me révèla Earenya, malicieuse. » Elle descendit de cheval et, se plaçant au centre de l’espace, clama d’une voix forte et claire : « Buachaïll on Eirnë br’iold ! »
Tout à coup, je sentis la terre trembler et vis une sorte d’arche apparaître au milieu : « Cette arche est le passage qui mène dans le monde parallèle, ma cité se trouve de l’autre côté, me confia Earenya. »
Nous traversâmes donc l’arche. Je sentis comme un picotement tandis que je la franchissais. Malgré mes douleurs, j’étais impatient de poser enfin les yeux sur cette cité dont on dit qu’aucun mortel n’a jamais pu approcher assez près pour la contempler.
Nous arrivâmes dans une sorte de plaine où poussaient d’étranges plantes qui n’existaient pas dans mon monde. A part cette végétation, il ressemblait étrangement au mien. Devant nous un chemin menait vers une forêt sombre.
Earenya mit son cheval au pas et avança lentement sur la piste qui se dessinait devant nous.
Après un dernier tournant, j’aperçus Alfhädel et faillit tomber d’ahurissement
Devant moi, s’étendait sur des hectares de terre une magnifique ville blanche. Les maisons (si on pouvait appeler ça des maisons tellement elles me paraissaient grandes) étaient construites dans le marbre le plus pur. Aucune végétation n’avait réussi à prendre prise sur eux, pas plus que le temps. Les maisons avaient un toit arrondi en forme de coupole et les fenêtres étaient positionnées de telle façon que chaque pièce semblait être éclairée au maximum, profitant des premiers et derniers rayons du soleil. Chaque maison possédait un jardin avec en son centre une fontaine où coulait une eau pure et cristalline, et certaines étaient emplies de fleurs aux parfums envoûtants et suaves.
Earenya continua son chemin et passa devant les maisons où les habitants se pressaient pour saluer leur princesse et regarder l’humain qui voyageait derrière elle.
Nous arrivâmes finalement devant un monument si grand que pas un instant je n’eus de doutes sur sa fonction.
Devant moi, se dressait le palais royal qui dépassait en beauté et en grandeur les autres maisons. Il semblait d’ailleurs constitué d’une multitude de petites maisons collées les unes aux autres sur plusieurs étages.
Nous arrivâmes devant un grand escalier menant aux portes du palais où se tenait une jeune Elfe.
A sa ressemblance avec Earenya, je compris que c’était sa soeur mais elle la surpassait en beauté.
Son visage possédait une touche d’innocence qui la rendait presque fragile. Ses yeux étaient aussi verts et brillants que des émeraudes et ses cheveux châtains se paraient au soleil de reflets bruns roux.
Mon coeur se mit à accélérer brusquement sans que je puisse l’arrêter. Elle me sourit, fit signe de descendre et de la suivre. J’obéis presque machinalement, ne pouvant détacher mon regard de ce visage aussi pur et c’est ainsi que je franchis les immenses portes du palais.